Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 93-1

Fascicule 1

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 93-1

Sous la direction de : Philippe Hoffmann
Sous la direction de : Philippe Moreau

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Présentation

RÉSUMÉS

Julien Bocholier. – Le « petit Homère » de Chateaubriand
Cet article propose une première édition des essais de traduction de Chateaubriand contenus dans son exemplaire de l’Iliade (chants IX à XII) conservé à la Bibliothèque nationale de France (Smith-Lesouëf, 135). Après avoir proposé une datation de ces fragments, autour de 1805, et indiqué leur probable contexte de rédaction, nous examinons d’abord le rapport de Chateaubriand au texte grec, et notamment l’intermédiaire que constituait pour lui la traduction latine contenue dans son volume ; puis, nous étudions, dans Les Martyrs et Les Natchez, les passages susceptibles d’avoir été influencés par les extraits d’Homère traduits par l’auteur.

Bénédicte Chachuat. – Note à Lucain, Bellum Ciuile
Le vers 43 du chant 7 du Bellum Ciuile est l’un des vers les plus discutés du poème de Lucain : les éditeurs ne s’accordent pas sur le texte à éditer et nombreux sont ceux à avoir tenté de le corriger. Il s’agira dans cet article de montrer d’abord pour quelles raisons le texte transmis par les manuscrits doit être considéré comme corrompu, ce qui aujourd’hui n’est pas admis par tous les philologues. Après avoir localisé et expliqué l’erreur, nous envisagerons ensuite les différentes solutions, jusque-là insatisfaisantes, qui ont été proposées pour remédier à cette corruption. L’étude d’une conjecture inédite permettra enfin de dégager le sens attendu du passage à défaut de pouvoir reconstituer avec certitude le texte de Lucain.

Catherine Dobias-Lalou. – Retour sur les contractions e+e du dialecte cyrénéen
Dans sa synthèse sur le dialecte cyrénéen publiée en 2000, l’auteur proposait pour la contraction des voyelles brèves moyennes antérieures une explication grapho-phonétique originale qui n’a guère convaincu. Il semble opportun de rouvrir le dossier avec le recul du temps, bien que la documentation nouvelle ait fourni peu d’éléments discriminants. Les exemples les plus nombreux appartiennent à deux types morphologiques, les nominatifs pluriels comme ΙΑΡΕΣ et les infinitifs actifs comme ΕΥΤΥΧΕΝ. En réexaminant la place de ces formes dans leurs systèmes flexionnels respectifs, on peut finalement expliquer les uns et les autres par des remaniements morphologiques, phénomène particulièrement développé dans les présents contractes en -έω. Le dialecte cyrénéen appartient bien au dorien « sévère ».

Antoine Foucher. – Les uersus aurei chez Virgile, des Bucoliques à l’Énéide
En nous appuyant sur une définition stricte du uersus aureus, nous analyserons dans cet article les structures verbales, phoniques et métriques de ce type de vers dans les trois œuvres majeures de Virgile pour y montrer l’influence de Catulle, mais aussi les évolutions en fonction des genres pratiqués par Virgile. Nous nous intéresserons aussi aux emplois du uersus aureus dans les œuvres de Virgile : s’il est vrai qu’il apparaît souvent devant ponctuation forte, plus largement, il contribue à la colométrie virgilienne en s’associant à des structures syntaxiques déterminées, tout comme il est indubitablement associé à des structures ou à des thèmes particuliers, tels que la description.

Bruno Helly. – Les datifs en et dans les dédicaces et épitaphes thessaliennes en alphabet épichorique (VIe-Ve s. av. J.-C.)
Il est connu que dans les inscriptions thessaliennes des vie et ve s. av. J.-C. en alphabet épichorique, on trouve un datif singulier -ᾱι, souvent simplifié en -ᾱ pour les noms féminins et masculins en /-a/, et un datif singulier -ōι simplifié en -ō pour les noms en /-ο/. Cependant, dans de nombreuses inscriptions de cette période, en particulier dans les épitaphes, ces datifs ont souvent été interprétés comme des génitifs de substantifs masculins, Un recensement exhaustif de ces inscriptions montre que ce sont bien des datifs qui sont utilisés dans les formules funéraires, associés aux substantifs στάλα, μνᾶμα, μνάμειον, σᾶμα et avec des verbes comme ἔσστᾱσε, ὀνεθε̄κε ou même le simple ἔμμι. On peut tirer de l’utilisation de ces datifs en -ᾱι/ᾱ et -ōι/-ō des informations non seulement pour l’histoire du dialecte, mais aussi sur la manière dont on exprimait à cette époque le rapport des vivants et des défunts au monument funéraire.

Dimitri Maillard. – César et l’apparat royal
Quand le 15 février 44, à l’occasion des Lupercales, César se présente vêtu de la toge pourpre et s’assoit sur une chaise curule dorée, le dictateur réactive une tradition selon laquelle ces deux éléments n’étaient associés que pour les anciens rois. Un point vient appuyer cette hypothèse : toge pourpre et chaise curule font partie des insignes de pouvoir offerts par le Sénat aux souverains alliés. Le propos s’attache à démontrer la nature royale de ces dons, qui pourraient se fonder sur un costume antérieur à l’apparat républicain. L’incompatibilité entre la chaise curule et la pourpre est levée par César aux Lupercales ; l’ensemble n’est pas commenté par ses contemporains, du fait du diadème tendu par Antoine ce jour-là, mais César réactivait en fait l’ancien apparat royal.

Sophie Minon. – Dérivation en -ᾱ- ou en -ŏ- : critères distributionnels. Le cas des anthroponymes en Ἀγορᾱ- vs - ᾰγόρᾱς, -ήγορος
L’objet de cette étude était de vérifier, en prenant l’exemple des anthroponymes composés faits par dérivation en -ᾱ- ou en -ο-, à partir du radical ἀγορ°, si les échanges, abondamment représentés dans les composés lexicaux et anthroponymiques, entre les deux voyelles, en position soit de voyelle de jonction entre leurs deux membres, soit de voyelle prédésinentielle, prouvent un caractère interchangeable qui s’expliquerait morphologiquement par différentes formes d’analogies ou bien si d’autres motivations ont pu jouer, voire interférer avec la précédente. S’il est impossible de tirer de conclusions qui vaillent pour la série de noms dans sa totalité (trop de critères interfèrent, y compris celui de la mode, parfois induite par l’existence de tel porteur prestigieux du nom), il n’est du moins guère apparu que le critère aréal/dialectal, dont on a montré qu’il avait joué par exemple dans la distribution de /a:/ et de /o/ prédésinentiels pour les composés du lexique, doive être, en revanche, invoqué pour leur distribution dans les anthroponymes en -αγόρᾱ/ης et -ᾱ/ήγορος de l’époque alphabétique. Dans la hiérarchisation de ceux qui ont véritablement contribué à la configuration de cette famille de noms, sémantique et pragmatique viennent en premier, et l’accent pourrait avoir parfois contribué au marquage du sens, tandis que certains choix morphologiques sont apparus comme infléchis par le rythme.

Biographies Contributeurs

Philippe Moreau

Maître de conférences en langue et littérature latines à la Sorbonne, Paris IV (en 1993)

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RÉSUMÉS

Julien Bocholier. – Le « petit Homère » de Chateaubriand
Bénédicte Chachuat. – Note à Lucain, Bellum Ciuile
Catherine Dobias-Lalou. – Retour sur les contractions e+e du dialecte cyrénéen
Antoine Foucher. – Les uersus aurei chez Virgile, des Bucoliques à l’Énéide
Bruno Helly. – Les datifs en et dans les dédicaces et épitaphes thessaliennes en alphabet épichorique (VIe-Ve s. av. J.-C.)
Dimitri Maillard. – César et l’apparat royal
Sophie Minon. – Dérivation en -ᾱ- ou en -ŏ- : critères distributionnels. Le cas des anthroponymes en Ἀγορᾱ- vs - ᾰγόρᾱς, -ήγορος