Revue de littérature comparée - N°3/2012

Revue de littérature comparée - N°3/2012

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Présentation

Résumés

Christine LOMBEZ, « L'étude des textes littéraires traduits : un nouvel objet d'investigations en littérature comparée ? », RLC LXXXVI, n° 3, juillet-septembre 2012, p. 261-271.
Si la littérature comparée fonde ses investigations sur des textes traduits, la prise en compte de la traduction au sein des études littéraires en France n'a pas toujours été nettement affirmée, la primauté ayant été souvent donnée aux notions d'« influences » ou de « réception » pour rendre compte de l'étranger au sein de la littérature française. Les manuels de littérature comparée parus depuis la fin des années 1960, qui font une place assez inégale à la question de la traduction dans les études littéraires comparatistes, en témoignent. À partir d'un examen précis de ces publications qui reflètent l'attitude parfois ambiguë des chercheurs français face à la réalité de la traduction, on illustrera de façon plus concrète l'émergence récente des études de traductions en littérature comparée, les perspectives qui s'ouvrent à elles et leur utilité pour une meilleure compréhension de l'histoire littéraire française.

Michael Tilby, « La fille de l'avare, ou ce que l'Angleterre du XIXe siècle savait d'Eugénie Grandet » (in English), RLC LXXXVI, n° 3, juillet-septembre 2012, p. 273-282.
Le lecteur monolingue anglais dut attendre 1859 pour avoir une version anglaise d'Eugénie Grandet. Cependant, les amateurs de théâtre londoniens, sans doute souvent à leur insu, avaient déjà pu se faire une idée du roman de Balzac. En 1835, John Millingen signa une libre adaptation anglaise de La Fille de l'Avare, de Bayard et Duport, laquelle fut montée brièvement sur la scène du Théâtre Royal de Londres. S'ensuivirent deux autres adaptations de la pièce française : Love and Avarice, de J. V. Bridgeman (1853) et, avec bien plus de succès, Daddy Hardacre, de John Palgrave Simpson (1857), qui inspira, à son tour, une imitation destinée à la scène anglaise. Le présent article a pour but de retracer la fortune de ces différentes versions, ainsi que de confronter les différentes manières dont le récit balzacien et ses personnages furent dotés d'une nouvelle identité anglo-saxonne.

J. A. Garrido ARDILA, « Le précurseur suédois de l'esperpento espagnol : Spöksonaten de Strindberg et Luces de Bohemia de Valle-Inclán » (in English), RLC LXXXVI, n° 3, juillet-septembre 2012, p. 283-301.
La pièce de Valle-Inclán, Luces de Bohemia (Lumières de Bohème, 1920) est considérée comme le premier exemple du genre théâtral mis au point par Valle-Inclán, l'esperpento ; celui-ci se caractérise principalement par la déformation satirique et la déshumanisation des personnages, qui annoncent l'existentialisme. L'esperpento a traditionnellement été considéré comme un genre de part en part espagnol. Cet article compare Luces de Bohemia et le drame de Strindberg, Spöksonaten (La Sonate des spectres, 1907), et montre que les caractéristiques et le ton de l'esperpento coïncident avec ceux du drame de Strindberg. Nous suggérons donc que l'esperpento est l'une des expressions de la littérature moderniste européenne, et non un genre exclusivement espagnol.

Abstracts

Christine LOMBEZ, The Study of Translated Literary Texts: A New Object of Research in Comparative Literature? (in French), RLC LXXXVI, no 3, juillet-septembre 2012, p. 259-271.
Strangely enough, translation seems to have often been ignored by French academics in Comparative Literature, although Comparative Literature studies and analysis are mostly based on translated texts. In relevant publications since the 1960s, more traditional notions such as that of "influence" or "reception" have instead been privileged as hermeneutic tools to account for the presence of foreign elements in French literature, overshadowing for decades the dynamics of translation processes and of translators. The present paper aims to assess under which circumstances translations have recently emerged, slowly but steadily, as a literary topic of its own right in the field of Comparative Literature in France, casting a new light on the way French literary history has been (or is still being) written.

Michael Tilby, A Miser's Daughter: Awareness of Balzac's Eugénie Grandet in Nineteenth-century England, RLC LXXXVI, no 3, juillet-septembre 2012, p. 273-282.
Monolingual English readers had to wait until 1859 for a translation of Eugénie Grandet. Yet, in most cases unbeknown to them, London theatregoers had some familiarity with Balzac's story well before that. In 1835, John Millingen's free adaptation of La Fille de l'Avare, itself a dramatized re-working of Balzac's novel by Bayard and Duport, was briefly staged at London's Theatre Royal. It was followed by two further adaptations of the French play: J. V. Bridgeman's Love and Avarice (1853) and, much more successfully, John Palgrave Simpson's Daddy Hardacre (1857), which, in turn, spawned yet another play for the English stage. The present article traces the fortunes of these different versions and compares and contrasts the ways in which Balzac's story and characters are translated to English settings.

J.A. Garrido ARDILA, The Swedish Precursor of the Spanish Esperpento: Strindberg's Spöksonaten and Valle-Inclán's Luces de Bohemia, RLC LXXXVI, no 3, juillet-septembre 2012, p. 283-301.
Valle-Inclán's play Luces de Bohemia (Lights of Bohemia, 1920) is regarded as the first specimen of Valle-Inclán's theatrical genre esperpento—characterised mainly by its satiric deformation and dehumanisation of characters with stints of pre-existentialism. The esperpento has traditionally been considered a quintessential Spanish genre. This article analyses comparatively Lights of Bohemia and Strindberg's drama Spöksonaten (The Ghost Sonata, 1907) and shows that the features and tone of the esperpento coincide with those in Strindberg's play. It is hence suggested that the esperpento is an expression of European Modernist literature instead of an exclusively Spanish genre.

Biographies Contributeurs

Pierre Brunel

Pierre Brunel, membre de l'Institut universitaire de France de 1995 à 2005, est professeur de littérature comparée à l'université de Paris Sorbonne (Paris IV) depuis 1970. Il a orienté une partie de ses recherches sur l'étude des genres littéraires et en particulier sur le roman. Il y applique librement les méthodes de la littérature comparée, et en particulier celles qu'il a essayé de suggérer pour une mythocritique comparatiste.

Daniel-Henri Pageaux

Docteur d'Etat ès lettres (Université de Paris III-Sorbonne nouvelle, 1975). Hispaniste de formation, puis comparatiste (Université de Rennes, 1965-1975). Professeur de littérature générale et comparée à l'Université de Paris III-Sorbonne nouvelle. Membre du Comité Lesage au sein du CRLC (Centre de recherche en littérature comparée, Université de Paris-Sorbonne). Co-directeur de la "Revue de littérature comparée" et membre du comité de rédaction de diverses revues spécialisées (Thélème, Letterature di frontiera, Portulan, Mentalités). Romancier sous le pseudonyme Michel Hendrel..

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Articles

Christine Lombez
L'étude des textes littéraires traduits : un nouvel objet d'investigations en littérature comparée ?

Michael Tilby
A miser's daughter: awareness of Balzac's Eugénie Grandet in nineteenth-century England

J. A. Garrido Ardila
The swedish precursor of the spanish Esperpento: Strindberg's Spöksonaten and Valle-Inclán's Luces de Bohemia

Notes et documents

Tone Smolej
La réception de Rousseau dans la littérature slovène avant 1941

Comptes rendus

Peter V. ZIMA, Komparatistische Perspektiven. Zur Theorie der vergleichenden Literaturwissenschaft (Cl. Paul) • Ber-nard TERRAMORSI (dir.), Les Filles des Eaux dans l'océan Indien. Mythes, récits, représentations (O. Gannier) • Jean-Michel RACAULT, Mémoires du Grand Océan. Des relations de voyages aux littératures francophones de l'océan Indien, et Robinson & Compagnie. Aspects de l'insularité politique de Thomas More à Michel Tournier (A.-G. Weber) • Véronique ALEXANDRE JOURNEAU (dir.), Le Surgissement créateur, jeu, hasard ou inconscient (R. Smadja)• Marie-Thérèse GARCIA, Odile LASSERRE DEMPURE et Axelle VATRICAN (éd.), La Ville méditerranéenne : entre imaginaire et réalité (É. Picherot) • Guillaume NAVAUD, Persona. Le théâtre comme métaphore théorique de Socrate à Shakespeare (Cl. Thouret) • Christophe IMBERT, Rome n'est plus dans Rome. Formule magique pour un centre perdu (J.-L. Backès) • Audrey CAMUS et Rachel BOUVET (éd.), Topographies romanesques (B. Westphal) • Isabel DEJARDIN, Captives en tragédie. La captivité au féminin sur les scènes antiques et modernes (E. Zanin) • Jan HERMAN, Le Récit génétique au XVIIIe siècle (Cl. De Grève) • Émilie KLENE (éd.), Jean Potocki à nouveau. Études réunies et présentées par Émilie Klene avec la collaboration d'Emiliano Ranocchi et de Przemysław B. Witkowski, suivies de la première version du Manuscrit trouvé à Saragosse, dans une édition modernisée de François Rosset et Dominique Triaire (Cl. De Grève) • François JACOB (dir.), Voltaire à l'opéra (A. Ameille) • Alain MONTANDON, Les Yeux de la Nuit. Essai sur le romantisme allemand (P. Brunel) • Julie BROCK (éd.), Réception et créativité. Le cas de Stendhal dans la littérature japonaise moderne et contemporaine (Ph. Postel) • Heinrich HEINE, Lutetia. Correspondances sur la politique, l'art et la vie du peuple. Traduction, annotation et Postface par Marie-Ange Maillet (A. Montandon) • Susi PIETRI, La terra promessa del racconto, Stevenson legge Balzac (E. Rallo-Ditche) • Anne GARRAIT-BOURRIER et Ineke BOCKTING (dir.), Passion de la guerre et guerre des passions dans les États-Unis d'Amérique (C. Pinçonnat) • Maria DELAPERRIERE, La Littérature polonaise à l'épreuve de la modernité (A. Saignes) • Mary Ann FRESE WITT (éd.), Nietzsche and the rebirth of the Tragic (S. Humbert-Mougin) • Roxana VERONA (éd.), Parcours francophones : Anna de Noailles et sa famille culturelle (É. Higonnet-Dugua) • Karen HADDAD-WOTLING et Vincent FERRE (éd.), Proust, l'étranger (Fl. Godeau) • Boris PILNIAK, Racines du soleil japonais, traduit [du russe] par Barbara Eydely (M. Détrie) • Elza ADAMOWICZ et Eric ROBERTSON (éd.), Dada and Beyond. Volume 1 : Dada Discourses (A. Tomiche) • Frédérique LEICHTER-FLACK, La Complication de l'existence. Essai sur Kafka, Platonov et Céline (R. Kahn) • May CHEHAB, Saint-John Perse, neveu de Nietzsche (S. Michaud) • David CARON et Sharon MARQUART (dir.), Les Revenantes : Charlotte Delbo, la voix d'une communauté à jamais déportée (I. Galichon) • Michel GIRONDE, Carlos Fuentes : entre hispanité et américanité (D. Perrot-Corpet) • Ariane EISSEN et Véronique GELY (dir.), Lectures d'Ismail Kadaré (D. Gachet) • Véronique PORRA, Langue française, langue d'adoption. Une littérature « invitée » entre création, stratégies et contraintes (1946-2000) (C. Pinçonnat) • Béatrice JONGY et Annette KEILHAUER (dir.), Héritage et Transmission dans l'écriture contemporaine de soi (S. Hubier) • Thomas VAESSEN et Yvra van DIJK (éd.), Reconsidering the Postmodern. European Literature Beyond Relativism (Y. Clavaron).