L'oubli du labeur
Arendt et les théories féministes du travail


- 272 pages
- Index
- Livre broché
- 14 x 22 cm
- Critique de la politique
- N° dans la collection : 41
- Parution : 03/10/2025
- CLIL : 4127
- EAN13 : 9782252048542
Présentation
Soin des enfants et des personnes âgées, nettoyage, travail pénible, boulot sale et sale boulot, ces activités ont en commun d’être à la fois nécessaires et invisibles, essentielles et pourtant dévalorisées, difficiles et donc déléguées à d’autres. Elles sont souvent oubliées par les philosophies du travail comme elles le sont dans la réalité sociale. C’est paradoxalement chez Hannah Arendt, pourtant accusée d’avoir une conception réductrice du travail, que l’on trouve une catégorie permettant de les appréhender dans leur unité : celle de labeur. Modifiant la traduction usuelle de sa distinction entre travail (labor) et oeuvre (work), qui renforce l’impression d’une dépréciation du travail par rapport à l’oeuvre, nous proposons de la rendre plus littéralement par le couple du labeur (labor) et du travail (work). Apparaît dès lors chez Arendt une véritable philosophie de l’activité posant le labeur comme condition du travail, lui-même condition de l’action. À l’aide de cette catégorie, elle pointe un ensemble d’activités vouées à la reproduction de la vie qui n’ont pas « droit de cité », mais aussi le redoublement de cet effacement avec l’avènement du social dans la modernité. Malgré l’emprise théorique qu’exerce la logique du labeur, on ne cesse de refuser de le voir, d’en dénier la nécessité comme la dureté, en le confondant avec le travail.
Une convergence aussi frappante qu’inattendue peut être mise en évidence entre cette catégorie de labeur et toute une constellation de concepts issus des théories féministes : le travail domestique, reproductif, travail de care ou encore de subsistance. Ces théories ne se sont pas réclamées d’Arendt, qui elle-même ne s’est jamais revendiquée du féminisme. Mais on peut mobiliser ces concepts pour préciser le sens de la catégorie de labeur, répondre aux problèmes qu’elle soulève quant à sa teneur critique, et en esquisser un usage possible dans le cadre d’une philosophie sociale du travail renouvelée.
Biographies Contributeurs
Katia Genel
Katia Genel, Professeure au département de philosophie de l’Université Paris Nanterre, est spécialiste de philosophie allemande et de philosophie sociale et politique. Ses recherches portent sur la théorie critique de l’École de Francfort, le travail et le féminisme. Elle a publié Autorité et émancipation. Horkheimer et la Théorie critique (2013), Hannah Arendt. L’expérience de la liberté (2016), et avec Jean-Philippe Deranty, Reconnaissance ou mésentente ? Un dialogue critique entre Jacques Rancière et Axel Honneth (2020).