Rabelais restitué. I - Pantagruel

  • 610 pages
  • Livre broché
  • 15 x 23.5 cm
  • Parution :
  • CLIL : 3146
  • EAN13 : 9782864600046
  • Code distributeur : 15963
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Présentation

Le propos de cette étude critique, à la fois première d'une nouvelle collection et première des cinq qui seront consacrées à Rabelais, est de retrouver l'intelligence d'un texte que l'esprit de routine et les préjugés ont constamment obnubilé. Les éditions commentées, sans lesquelles on ne peut lire Rabelais, ne font en effet, depuis cinquante ans, que se référer à l'édition critique de Lefranc et ses collaborateurs, aussi bien pour l'établissement du texte que pour les gloses. Or ce texte est établi de façon discutable, ne serait-ce que par sa ponctuation, et les gloses sont imbues d'un esprit de gravité et d'un parti pris de pudibonderie qui altèrent profondément la pensée du Maïtre. On se borne, depuis cette édition, à ronronner sur un texte abusivement figé d'où l'on croit avoir extrait depuis belle heure la quintessence, et la littérature rabelaisienne ne fait plus que traiter de l'accessoire sans oser revenir au principal : le verbe.

À partir du fac-similé des éditions de 1532 et de 1542, Marc Berlioz réexamine donc chaque chapitre, et une recherche purement philologique le conduit à récupérer la portée de termes jusque là mal lus et donc mal entendus. Tout au long de cette relecture apparaît alors une compréhension neuve de phrases ou de pages entières dénaturées par la signification apprise. Et l'auteur de l'étude est tout naturellement amené à découvrir le contenu de chapitres restés lettre morte : ainsi du double sens et des sous-entendus des titres de la Librairie de saint Victor, traditionnellement regardés comme une collection de facéties ; ainsi du procès de Baisecul et Humevesne tenu une fois pour toutes pour incohérent assemblage de sons ; ainsi de la dispute entre Thaumaste et Panurge où l'argumentation a toujours été donnée pour gesticulation gratuitement obscène. Sans oublier, au chapitre de la maladie de Pantagruel, la réintégration d'un paragraphe accidentellement éliminé depuis la première recomposition, il y a plus de quatre cents ans.

Au fil de l'examen se dessine alors un Rabelais dont les intentions sont quelquefois fort différentes de celles qui sont admises et enseignées. Et force est bien de convenir que, dégagé des strates de commentaires qui ont abouti à le masquer à son lecteur, c'est ce Rabelais restitué qui semble être le vrai.

Pourtant Marc Berlioz ne fait que proposer à la réflexion des Rabelaisants ce Rabelais retrouvé ; car il ne donne nullement pour définitive sa restitution : outre, dit-il, qu'elle ne peut être exempte d'erreurs, son dessein est, donnant le branle à une révision, d'inciter chacun à réexaminer après lui ; il aura atteint son but, ajoute-t-il, s'il a persuadé qu'il est préférable de scruter encore et toujours le texte du Maître plutôt que d'empiler des thèses sur la façon qu'il pouvait avoir d'enfiler ses sandales.

Mené avec autant de probité que d'audace, ce retour aux sources doit relancer les études rabelaisiennes. En attendant, Marc Berlioz a commencé de relire le Gargantua, et la même démarche lui a déjà permis de mettre au jour le contenu des Fanfreluches antidotées, pièce où les commentateurs n'ont jamais trouvé fond ni rive. Les Rabelaisants, universitaires ou non, ont désormais des horizons ouverts.